L’histoire du parc
Bordé par le Canal de Chelles et la Marne, le parc départemental de la Haute-Île préserve des milieux naturels rares en Seine-Saint-Denis. Son aménagement prend en compte le patrimoine archéologique du site et le valorise à travers l’existence d’un archéosite.
Un site de 65 hectares pour un projet co-élaboré
Situé dans le dernier méandre non-urbanisé de la Marne, le terrain de la Haute-Île fut exploité par la ferme des Hôpitaux psychiatriques de Ville-Evrard jusqu’au début des années 1980. Acquis par le Département de la Seine-Saint-Denis en 1983, l’installation d’un réservoir d’eau potable et l’exploitation d’une gravière furent un temps envisagés.
En 1998, un premier projet comprenant l’aménagement d’une base de loisir avec un plan d’eau est fortement contesté par la population locale. Dans le même temps, des études révèlent un potentiel patrimonial archéologique et naturel fort.
Les fouilles préventives mettent à jour les anciens chenaux de la Marne et laissent présager une richesse archéologique de site en fond de vallée. D’autre part, les études naturalistes inventorient des espèces faunistiques et floristiques rares mais menacées par l’évolution progressive du site vers un boisement.
Un second projet, proposé par l’agence Signes, constitué des paysagistes associés Alain Provost et Alain Cousseran, choisit de s’appuyer sur la présence de l’eau, les contraintes dues à l’inondabilité du site et les zones naturelles à préserver (ZNIEFF).
Afin d’obtenir un projet partagé par tous et cohérent, une démarche de concertation rassemblant élus, associations, habitants, collégiens mais aussi naturalistes et archéologues, est lancée en 2001 aboutissant à une nouvelle esquisse paysagère du parc.
Retrouver le tracé historique de la Marne
Ce nouveau projet d’aménagement du parc de la Haute-Ile a pour objectif de restituer les zones humides en suivant le tracé des paléo-chenaux de la Marne. Il propose ainsi une mosaïque de milieux propices à l’installation d’une faune et d’une flore riche et diversifiée tout en sanctuarisant une zone du parc pour la programmation de fouilles archéologiques.
Les 350 000 m3 de déblais extraits lors du creusement des chenaux sont évacués par péniches sur le Canal de Chelles afin de ne pas saturer la circulation routière et limiter l’empreinte carbone du chantier.
L’évacuation des déblais par transport fluvial prendra 2 ans, au lieu de 5 ans par camions. Débuté en 2005 et après 3 années de travaux colossaux, le parc ouvre au public en 2008.
La présence permanente d’un archéologue du Département et le suivi des partenaires naturalistes pendant toute la durée des travaux permettent d’adapter et de modifier le projet en fonction des découvertes et des observations.
Ainsi, la découverte du passage à gué de l’époque gallo-romaine nécessite la modification du tracé d’une allée, tandis que l’observation rare d’un Hibou des marais en halte migratoire oblige une mise à l’arrêt provisoire des travaux pour ne pas déranger l’oiseau.
3 milieux naturels bien distincts
Le parc présente plusieurs ensembles paysagers et leurs écosystèmes :
- le milieu prairial et arbustif, qui se situe sur la friche centrale, zone épargnée par la montée des eaux en période de forte crue (d’où le nom de « Haute-Ile ») ;
- les milieux humides, constitués des trois chenaux creusés en suivant le cour des anciens chenaux de la Marne. Le creusement d’un quatrième bassin suite à des découvertes archéologiques datant du Mésolithique étant abandonné ;
- les boisements, ceux de la ripisylve le long de la Marne et en alignement le long du canal de Chelles. Les boisements plus jeunes proviennent de l’évolution naturelle de la friche qui n’a pas été régulée. Afin de conserver l’aspect naturel du site et sa tranquillité, les aménagements seront camouflés au sein des boisements.
Au fil des années, le parc de la Haute-Île a su conserver et maintenir son aspect naturel et sauvage qui le distingue des autres parcs départementaux.
La topographie du parc le soumet régulièrement aux crues de la Marne en période hivernale.